25/02/15 : de la Quebrada de las Conchas au Paso de Jama
Au nord de Cafayate s’étend la Quebrada de las Conchas (coquillages) en référence à la présence de l’océan il y a 2 millions d’années, avant la formation des Andes.. On découvre donc les anciens fonds marins, le long du rio Las Conchas.
El anfiteatro, formation rocheuse en forme d’amphithéâtre où s’installent de nombreux musiciens pour bénéficier de l’acoustique du lieu. Les enfants s’offrent un ocarina, instrument de musique inca.
El garganta del diablo, lieu saint de la communauté indigène.
Transport collectif argentin …
Nous retournons à Cafayate pour rejoindre les vallées Calchaquies.
Dans cette région reculée, la vie est toujours rythmée par les traditions et modes de vie ancestraux. Les visages sont beaucoup plus typés, les peaux tannées.
Lors d’un bivouac en bord de rio, nous sommes surpris de voir un tracteur sur l’autre rive traverser le rio dans notre direction.
Et nous faisons la connaissance d’Enrique qui travaille avec son père et son frère dans la ferme familiale de l’autre côté du rio. Aucune route n’y menant, le seul accès est par le rio, en tracteur. La ligne électrique ne parvenant pas non plus jusqu’à eux, leur énergie est solaire.
Ils cultivent la vigne dont la vendange est apportée à une cave à une cinquantaine de kilomètres, les piments et les oignons. Il nous explique qu’il va abandonner la culture des oignons trop peu rentables : le sac de 22 kg leur est acheté 20 pesos (moins de 2 euros) ce qui ne couvre quasiment plus le coût de production alors qu’on les retrouve dans le commerce à 7 ou 8 pesos le kg … On a déjà entendu ce discours là en France …
Pour nous remercier d’avoir partagé un moment avec lui, il revient nous voir quelques heures après avec un grand cageot de raisins dans le godet de son tracteur …
Quel régal ! Les raisins en Amérique du Sud sont particulièrement sucrés …
Manu profite de cette halte pour installer dans chaque couchette un ventilateur branché sur 12 volts en prévision de la chaleur croissante en remontant vers le nord.
Nous avions acheté à Santiago de petits ventilateurs d’ordinateurs qui font parfaitement l’affaire
Dans cette vallée, les villages sont paisibles avec leurs maisons et églises souvent blanches, parfois en adobe (brique sèche grise) et certaines de style colonial.
La région est plutôt pauvre et l’agriculture souvent vivrière.
Séchage de piments
La Cordillera de las Flechas
Un bivouac paisible au son de l’ocarina …
Nous sommes sur la ruta 40 en ripio, bordée par des bornes indiquant la fibre optique … Mais les raccordements ne sont pas encore faits …
Une halte à Molinos où nous déjeunons dans un « comedor », petit restaurant de village.
La charpente de l’église est en bois de cactus qui peut durer une éternité. Le chemin de croix est en alpaga dans un cadre en bois de cactus également.
Gabriel a déniché une bonne adresse …
Pause à l’ombre des arbres de la place du village, seul endroit où la chaleur est supportable en plein après-midi…
Une visite au domaine viticole « Colomé », un des plus hauts d’Argentine à 2300 m.
Une expérimentation est en cours de plantation de vignes (malbec, pinot noir, sauvignon blanc) à 3100 m. Cette plantation n’est pas encore en production.
Nous sommes le 1er mars et fêtons nos 6 mois de voyages et 20365 kilomètres …
Ce que nous avons préféré : l’immensité des paysages, la proximité de la faune et surtout les nombreux contact avec les populations.
Nous avions choisi de voyager uniquement en Amérique, pour pouvoir communiquer avec la population. Nous nous débrouillons dans les 3 langues de ce continent.
Sur la plupart des sites visités, seul l’espagnol (ou le portugais au Brésil) est parlé. L’anglais est franchement réservé aux sites hyper touristiques ou bien parlé par la classe sociale supérieure de ces pays.
Ce sont vraiment les contacts avec les gens qui nous ont le plus enrichi depuis notre départ. Cette chaleur humaine, il faut vraiment la vivre … C’est une belle leçon de vie.
Le pire depuis 6 mois : à l’unanimité, la rigidité et lourdeur de l’école ++ dans ce genre de voyage !!!
Visite du village de Seclantas
Nous poursuivons vers Cachi, 2280 m, entourée du Nevado de Cachi, dont certains sommets dépassent les 6000 mètres.
Nous traversons le Parque Nacional Los Cardones (les cactus). Nous parcourons nos derniers kilomètres sur la ruta 40 au kilomètre 4503 …
La ruta 40, colonne vertébrale de l’Argentine, nous accompagne quasiment depuis son kilomètre 0 en Patagonie.
Et des cactus jusqu’à 3000 m d’altitude … Au dessus, c’est un paysage de steppe.
Nous franchissons le col Piedra Molino à 3457 m.
Un petit air d’Ecosse, avec son herbe bien verte, ses moutons et ses nuages … Un changement radical de paysage à partir de là.
Nous venons de battre notre dernier record d’altitude, le haut du téléphérique Cime Caron à Val Thorens à 3200 mètres !!!
De l’autre côté du col, c’est la Cuesta del Obispo et ses verts pâturages grâce au rio qui sillonne plus bas
Un petit arrêt pour acheter à des agriculteurs du « queso de cabra » (fromage de chèvre) et « salame de vaca » (saucisson de vache !!!). Excellents …
Le soir, nous fêtons notre record d’altitude par un apéritif familial !
Pendant ce voyage, les enfants ne manquent pas d’imagination pour justifier un petit apéritif, entendez « coca/fanta/gâteaux apéritif : fêtes des prénoms, fin des évaluations de Grégoire (tous les 15 jours !!!), record d’altitude … Nous avons même fêté les 5000 jours de Grégoire !!!
On a fixé les règles, le prochain apéritif « record d’altitude » sera au-delà de 4000 m, puis 4500 m, 5000 m …
Nous sommes le 2 mars, jour de rentrée scolaire pour les écoliers argentins et le retour des uniformes des écoliers dans les rues.
Quant à nous, c’est vacances d’hiver depuis le 23 février et jusqu’au 9 mars …
Arrivé à Salta, nouvelle halte « garage ». Le pneu avant gauche est anormalement usé, Manu suppose un défaut de parallélisme.
Avant d’affronter le garage, nous révisons notre espagnol « mécanique » dans le mini dictionnaire espagnol Robert et Collins de Tatie Huguette …
Nous avons beaucoup de chances … Nous sommes pris en charge par la famille San Agustin. La maman est une « maestra » (maîtresse d’école) à la retraite, elle nous fournira de précieuses informations sur notre futur parcours. Le père garde toujours un œil sur l’entreprise, gérée aujourd’hui par ses enfants. Ils ont 2 ateliers, autos et poids lourds sous l’enseigne « Bridgestone-Firestone ».
Et ils confient leur billard aux enfants pendant la matinée de réparation … Quel bonheur !
En compagnie de Rocky (pas de Nérac mais de Salta …) qui s’entêtera à « léchouiller » Louis, juste à sa hauteur …
Muchas gracias a toda la familia San Agustin. Suerte.
Au final, nous avons 2 pneus neufs à l’avant, le défaut de parallélisme rectifié et des vélos comme neufs. Ils ont même nettoyé les vélos très poussiéreux des enfants et regonflé leurs pneus …
Nous rechargeons nos bouteilles de gaz à la « planta de gas » de Salta.
Le gaz est très bon marché en Argentine, nous payons 20 pesos pour 13 kg, soit moins de 2 euros.
Il suffit juste d’avoir le bon raccord pour recharger car non seulement nos bouteilles françaises sont différentes des bouteilles argentines mais en plus les bouteilles argentines sont différentes d’une région à l’autre. Mais maintenant, on est rôdé …
Nous passons à l’agence d’assurance Seguros Rivadavia à Salta pour prolonger l’assurance du camping-car. Nous avions souscrit en septembre à Gualeguaychu 6 mois d’assurance nous couvrant dans les pays du Mercosur et limitrophes. Nous prolongeons jusqu’en juin, date vers laquelle nous devrions quitter le Pérou.
Maintenant direction Jujuy par la ruta 9 la route de la Corniche.
Là encore, c’est un changement radical de paysage avec une végétation subtropicale (ça nous rappelle le Brésil …).
Après Jujuy, nouveau changement de décor et retour des cactus.
Nuit dans le petit village de Tumbaya.
Nous avons droit à une visite guidée de l’église par le prêtre du village, très âgé et ravi d’avoir des visiteurs... Il nous fournit une multitude d’informations sur la construction de l’église, nous fait visiter le clocher, nous parle de l’apparition de la Vierge de Copacabana de Punta Corral objet d’une grande procession annuelle et termine par une bénédiction …
Nous poursuivons vers Purmamarca, petit village très touristique, pour admirer « El cerro de los siete colores », la montagne aux sept couleurs.
Une belle balade dans ce superbe décor…
Purmamarca, son église, son algarrobo de plus de 700 ans (arbre emblématique de ces régions semi désertiques), son marché artisanal, ses hôtels…
Devant l’uniformité des textiles d’un stand à l’autre, nous nous interrogeons sur leur provenance. Est-ce vraiment de l’artisanat local ?
La propriétaire d’un magasin nous explique que la plupart des tissus et vêtements proviennent de Bolivie pour des raisons de prix.
L’artisanat argentin en matière de textile revient beaucoup trop cher et ne trouverait pas preneur. Elle nous montre les tissus boliviens à 70 pesos soit moins de 7 euros qu’elle nous compare avec de l’artisanat local à plus de 300 pesos … On comprend mieux …
Après Purmamarca, c’est le début de la Quebrada de Humahuaca, inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Une étape « gastronomique » à Tilcara, beaucoup moins touristique que Purmamarca.
Arrivés au village de Humahuaca, une belle surprise attend les enfants … Une piscine !!! C’est effectivement rare de trouver une piscine municipale dans les villages argentins. Seuls les hôtels et campings en possèdent mais elles sont en plus souvent vides …
Renseignement pris, c’est la piscine d’un complexe hôtelier abandonné que la municipalité a récupérée … Et pour une modique somme, elle est ouverte au public.
Ne cherchez pas le maître-nageur, il n’y en a pas !!!
Quant à la propreté de l’eau, il ne faut pas trop y regarder … La filtration ne fonctionne pas, l’eau est « plutôt » trouble mais l’envie de se baigner prend le dessus sur ces considérations bassement matérielles …
Louis en grande discussion en espagnol avec des jeunes filles …
Depuis qu'on a débarqué en Amérique du Sud, Louis fait craquer tout le monde avec son "pelo rubio", ses cheveux blonds !!!.
On est à 3000 mètres, l’eau est à environ 22° …
Visite du village de Humahuaca …
A la sortie de l’école, les jeunes écoliers se ruent dans les épiceries pour s’offrir un bonbon. Les bonbons sont vendus à l’unité, environ 1 peso pièce.
Seuls les supermarchés des villes importantes vendent des poches de bonbons, trop coûteuses pour la majorité de la population.
Nous avons remarqué que dans cette région du nord-ouest argentin, on ne trouve plus de « supermercado » (équivalent de nos supérettes) dans les villages.
La société de consommation est ici réduite à son strict minimum et on ne trouve plus que de petites épiceries avec des produits de base.
Nous revenons ensuite à Purmamarca pour rejoindre le Paso de Jama et le Chili. Nous profitons une dernière fois de la montagne aux 7 couleurs
La route serpente dans la Quebrada multicolore.
Nous franchissons le col Potrerillos à 4170 mètres, nouveau record d’altitude !!! Séquence photos …
Des locaux, mâchant les feuilles de coca, vendent de l’artisanat en bord de route.
De superbes paysages avec les Salinas grandes en toile de fond.
Les Salinas grandes à 3500 m, c’est un immense dépôt de sel de table de 220 km2.
Ici les travailleurs du sel, les visages encagoulés, luttent contre les brûlures du soleil et du sel.
Les stands d’artisanat sont réalisés en brique de sel tout comme certaines maisons
On se trouve dans la Puna, zone de plateaux d’altitude au-delà de 3400 mètres.
Le climat y est sec et froid et caractérisé par une important amplitude thermique entre le jour et la nuit.
La Puna s’étend majoritairement en Argentine mais également au Chili, Bolivie et Pérou.
C’est une tradition de « fleurir » les lamas, c'est-à-dire les orner de fils multicolores.
Lors d’une pause déjeuner, nous apercevons au loin un berger avec son troupeau de chèvres et moutons.
Quelques centaines de mètres après, un petit signe de la main et nous voilà en sa compagnie.
Il nous parle de son métier, 365 jours par an à surveiller son troupeau du matin au soir, pour éviter que le « gato de montes » ne vienne croquer une de ses « ovejas » (ovins).
Il nous demande si nous avons également des ovins en France et quand nous lui expliquons le système de la transhumance dans les Pyrénées, il est très surpris …
Lui aussi « fleurit » son troupeau, coutume ancestrale.
Avant de partir, nous lui laissons une bouteille d’eau qu’il apprécie fortement par cette chaude après-midi.
Comme nous allons quitter définitivement l’Argentine, nous dépensons nos derniers pesos à Susques, dernier village avant la frontière avec le Chili.
L’église datant de 1598 est monument national. Sa charpente est là encore en bois de cactus, tenus par des liens en cuir de chèvre.
Poursuite de la route vers le Paso de Jama
A 4000 m, le Salar de Olaroz à forte valeur ajoutée …
Ici, ce n’est pas du sel de table qu’on récolte mais du carbonate et chlorure de lithium !!!
Un centre de visiteurs (certainement financé en partie par les mines …) explique l’enjeu économique de cette exploitation, tout en minorant son impact environnemental.
Ces mines sont pourvoyeuses de nombreux emplois dans cette rude région de montagne.
1/3 du lithium extrait va à la fabrication de batteries pour les véhicules et les produits électroniques, 20% est utilisé pour la production d’aluminium, 20% pour la fabrication de vitres et céramiques, 28% pour diverses industries notamment pharmaceutique …
Nous passons la nuit au Paso de Jama à 4300 m. Nous n’avons pas ressenti pour le moment de gêne liée à l’altitude, ce qui n’est pas le cas de notre bouteille de jus d’orange …
Le lendemain matin, nous faisons connaissance avec un groupe de motards brésiliens, de la région de Minas Gerais.
Ils nous offriront des autocollants du drapeau brésilien, de leur ville, de leur club de motards et bien sûr de leur club de foot « the best of the world », ça c’est universel !!!
Nous quittons définitivement l’Argentine le 6 mars avec un pincement au cœur tant nous avons apprécié nos relations avec les argentins … Nous y serons restés près de 4 mois.
