Du 19 au 22/05/16 : Yellowstone National Park
Direction maintenant Yellowstone National Park à une cinquantaine de kilomètres au nord de Grand Teton NP. C'est le plus ancien des parc nationaux, créé en 1872 dans les Rocheuses, à une altitude moyenne de 2500 mètres.
Les routes du parc ont réouvert depuis 10 jours. En hiver, seules 2 routes permettent d'y accéder et les visites se réalisent en motoneige.
300 kilomètres de routes traversent le parc, 3 jours de visites au minimum s'imposent d'autant plus qu'une route fermée à l'est du parc génère des détours.
Le parc a brûlé à 36% pendant l'été 1988, un incendie non pas d'origine humaine mais dû aux orages d'été. De nombreux feux se déclenchèrent simultanément en juin à différents endroits du parc. Finalement, ce sont les grosses chutes de neige de novembre 1988 qui éteignirent définitivement les feux. On aperçoit encore les arbres calcinés mais la végétation a repoussé encore plus drue qu'avant.
Le service des parcs nationaux américain estime que les feux d'origine naturelle font partie du cycle de la nature, permettant de régénérer les forêts, de diversifier les espèces végétales et de prévenir la pousse d'arbre dans les prairies. Il ne lutte donc pas contre ces incendies et les laisse s'éteindre naturellement.
Une fois franchie l'entrée du parc, nous passons au Visitor Center.
Nous prenons la météo : au mieux "breezy, cloudy and rainy", au pire "snowy", un classique mois de mai à Yellowstone ! La bonne saison est extrêmement réduite, de fin juin à fin août..
Nous consultons également les horaires prévisionnels d'éruption des geysers. En tête de la régularité, Oldfaifthful Geyser, "le vieux loyal", la mascotte du parc, qui jaillit toutes les 90 minutes pendant 2 à 5 minutes. Un geyser idéal pour les touristes asiatiques qui déboulent par cars entiers à Yellowstone avec leurs guides, chrono en main...
Le parc est connu pour sa variété unique de geysers, sources chaudes, mares de boue et fumerolles.
La particularité géologique de Yellowstone est d'être situé au-dessus d'un feu permanent. Le magma en fusion ne se trouve qu'à 3350 mètres sous la surface de la terre, ce qui explique ces phénomènes naturels géothermiques uniques au monde.
En effet, il y a 640 000 ans, le coeur de Yellowstone subit une gigantesque explosion, créant un cratère de plus de 40 km de diamètre et d'une profondeur de 2000 m. L'érosion stoppa les coulées de lave et combla les bouches d'éruption.
Comme la croûte terrestre est restée relativement mince, l'eau s'infiltre jusqu'à la roche en fusion à moins de 4 kilomètres sous la terre, et se réchauffe progressivement, les gaz sous pression faisant le chemin inverse.
Yellowstone est un lieu unique. Le parc est en perpétuelle évolution, plus de 3000 séismes sont recensés chaque année. Des geysers s'éveillent, d'autres s'endorment pendant quelques années ou définitivement, des sources d'eau chaude se tarissent, d'autres apparaissent...
La zone est surveillée en permanence par des vulcanologues grâce à des milliers de capteurs.
Yellowstone nous offre une vision apocalyptique à la H.G.Wells, accentuée par la météo.
Yellowstone se vit... Ici, la Terre gronde, jaillit, fume, crache, bouillonne... souvent dans une odeur de soufre ou d'oeufs pourris !
Concrêtement pour nous, cela évoque des piscine à vagues, des bains de boue, des saunas, des chaudrons de sorcière ou bien les fontaines du palais de Chaillot !
Les geysers sont des sources d'eaux chaudes aux conduits étroits, généralement à proximité de la surface. Cette étroitesse empêche l'eau de circuler librement vers la surface où la chaleur pourrait se dissiper. La température de l'eau peut dépasser le point d'ébullition. Le parc compte près de 300 geysers connus comme les plus beaux du monde, certains pouvant atteindre 60 mètres de haut.
Les mares de boue sont un phénomène acide qui survient lorsque l'apport en eau est limité. Leur consistance et leur niveau d'activité varie en fonction des saisons et du niveau des précipitations.
Les fumerolles sont le phénomène le plus chaud, particulièrement faciles à repérer actuellement par
temps froid. Il y a si peu d'eau que tout sort sous forme de vapeur d'eau.
Les sources chaudes sont le phénomène hydrothermal le plus répandu dans le parc. Leur aspect est très variable et va des bouillons sombres et mousseux aux calmes bassins aux eaux limpides.
Les terrasses de travertin se trouvent sur le site des sources du Mammoth, où les interactions entre les sources et l'argile ont généré ces structures d'un blanc laiteux.
Et des chutes d'eau impressionnantes avec la fonte des neiges.
Le lac Yellowstone ...
De nombreuses tribus indiennes vécurent dans cette zone jusqu'aux années 1870. Les maladies, mais surtout les attaques répétées des Blancs et la chasse aux bisons eurent raison de ces Native Americans. Evalués à 60 millions d'individus dans l'Ouest américain au XIXème siècle, les bisons (buffalos), les plus gros mammifères d'Amérique du Nord, n'étaient plus que 25 en 1902 dans la région de Yellowstone. La demande effrénée de fourrures de bison sonna le glas des peuples indiens dans cette région.
Le parc abrite aujourd'hui la horde la plus importante de bisons des plaines sauvages de tous les Etats-Unis, avec 3000 à 4000 individus. Ils passent leur temps à pâturer dans les prairies d'herbes grasses. Ils sont omniprésents dans le parc. Il faut parfois changer de sentier de randonnée pour les éviter ou bien s'arrêter sur la route pour laisser passer des dizaines d'individus accompagnés de leurs progénitures nés fin avril, début mai. Leur fourrure leur permet de résister aux températures extrêmes de l'hiver.
Des ours noirs et des grizzlys peuplent le parc mais également des wapitis, des daims, des orignaux, des coyotes, des loups, des renards...
Les distances de sécurité à conserver avec les animaux sauvages sont affichées partout : 25 yards (23 mètres) par rapport aux bisons, mooses (orignaux), elks (wapitis), coyotes... 100 yards (91 mètres) par rapport aux ours et aux loups. Quand on sait qu'un bison peut courir en vitesse de pointe à 48 km/h et un ours à 72 km/h, on comprend.
Une parenthèse, les américains utilisent des unités de mesure multiples et variées pour calculer une longueur, un poids, une vitesse, une capacité... Yard, foot, inch et mile pour les longueurs, pound et ounce pour les quantités, ounce, gallon, pint et quart pour les capacités...Sans oublier les degrés Fahrenheit ! Un vrai casse-tête...
Nous sommes intrigués par un panneau "Continental divide" à différent endroits du parc : en fait, il matérialise la ligne de partage des eaux entre le Pacifique et l'Atlantique. Au nord de cette ligne, les cours d'eau se déversent dans des affluents du Missouri et coulent via le Mississipi vers l'Atlantique. Les cours d'eau coulant au sud se déversent dans le Pacifique via les rivières Snake et Columbia. Nous avions remarqué cette ligne indiquée en pointillés sur notre carte routière, sans comprendre...
Nous passons 3 nuits à Yellowstone, une dans un campground du parc qui vient d'ouvrir et 2 dans la forêt près de West Yellowstone. Notre deuxième nuit en forêt est perturbée à 2 heures du matin par des tireurs qui font joujou avec leurs armes à 500 mètres environ du camping-car. Vu l'état des panneaux de signalisation en général criblés de balles dans les zones isolées (où nous dormons habituellement...), nous imaginons qu'ils tirent sur un panneau de signalisation. Sans se douter que des touristes français dorment près de là... Que faire ? Si nous bougeons le véhicule, nous pensons risquer plus, surtout si ces tireurs du samedi soir ont bu... Si les tirs se rapprochent, nous manifesterons notre présence en allumant les lumières et en klaxonnant... Finalement, soulagés, les tirs cessent au bout d'une 1/2 heure...
Voici un échantillon des panneaux de signalisation, cibles régulières des chasseurs et autres tireurs...
La zone est truffée d'animaux sauvages. Alors que Louis tirait hier soir dans la forêt avec son pistolet à pétard, un coyote lui répondit en hurlant... On n'avait jamais vu Louis rentrer aussi vite dans le camping-car !!!
Et nous repartons sous la neige à Yellowstone...
Nous adoptons la technique "millefeuilles" comme au ski, nous empilons les couches de vêtements...Et c'est parti pour une randonnée sous la neige ! De toute façon, si on attend le retour du soleil à Yellowstone, on manquera notre avion de retour du 19 juin vers la France... Un argument implacable pour les enfants !
Nous parvenons enfin à faire recharger notre 2ème bouteille de gaz. Le gaz se recharge à la pompe mais les américains sont réticents à remplir notre bouteille française trop vieille, elle date de 1997...
Nous tombons finalement sur un commerce tenu par 2 jeunes filles qui, enthousiastes de voir "a new bottle", nous la remplissent généreusement de 6 gallons, de quoi terminer le voyage.
Ouf ! Il ne nous restait que 3 ou 4 jours d'autonomie.
Voilà 4 jours que nous sillonnons le parc, nous explorons le dernier tronçon nord-est, fortement réduit car une route principale est fermée. Dommage, c'est une zone peuplée d'ours.
Manu décide d'emprunter tout de même les 2,5 miles ouverts de cette route et, surprise, nous découvrons un ours en train de manger tranquillement en bord de forêt. Une vision magique...
Nous restons là plusieurs minutes à le dévorer des yeux...
Alors que nous effectuons les derniers kilomètres dans le parc, 4 loups noirs surgissent en bord de route. Incroyable, ils ressemblent à de gros chiens noirs... Les loups ont été réintroduits en 1995 dans le parc et leur population s'établit aujourd'hui à une centaine d'individus.
Il est rare d'apercevoir des loups, nous sommes franchement gâtés...
Il faut dire qu'il est près de 22 heures et nous trainons encore dans le parc... C'est cette grande liberté que nous apprécions en camping-car.
Nous quittons enfin le parc toujours sous la neige, totalement comblés...
Nous avons effectué finalement plus de 600 kms dans ce parc...
Yellowstone est une pure merveille de la Nature avec ses splendides paysages variés, sa faune sauvage extraordinaire et ses phénomènes hydrothermaux uniques.
Il est 23 heures, nous trouvons un bivouac en bordure de forêt et nous nous réveillons de nouveau sous la neige...