13/02/2016 : de Patzcuaro à Topolobampo
Nous arrivons de nuit à Patzcuaro, une superbe ville coloniale, perchée à 2140 mètres. Les maisons sont basses, aux murs blancs et bordeaux dans leur partie basse. Aucune enseigne commerciale en saillie des murs ne vient gâcher cette harmonie. On écrit le nom de sa boutique sur le mur, première lettre en rouge, les suivantes en noir. L'unité architecturale est donc parfaite, c'est particulièrement remarquable car elle s'applique à toute la ville et pas seulement au centre-ville.
Nous déjeunons dans un comedor du centre d'une délicieuse « sopa tarasca » typique du lieu, d'un pollo adobado et flan au dessert et les enfants apprécient tous (!!!) le menu...
Sa Plaza Vasco de Quiroga respire la sérénité avec ses arbres centenaires, ses arcades et ses demeures coloniales et, au centre, la statue de Vasco de Quirogua, 1er évêque du Michoacán et grand protecteur des indiens.
Nous terminons la journée par quelques courses au marché de ce samedi avant de passer une nuit plutôt agitée... Nous sommes samedi soir et c'est la fiesta !
Aujourd'hui dimanche...journée Cned, une fois n'est pas coutume mais nous avons du retard !
Nous reprenons ensuite la route, passons la nuit dans le village de Pastor Ortiz avant de poursuivre le lendemain sur la « Ruta del tequila », où les couleurs bleues des agaves enjolivent les paysages.
Nous voilà à Guanajuato, une ville colorée posée sur et au milieu de collines.
Tout le centre historique classé à l'Unesco est piéton et parsemé de « callejones », des ruelles très étroites qui débouchent sur de minuscules places, le long de maisons très colorées et souvent fleuries.
Mais le plus surprenant vient d'en-dessous... Cet ancien centre minier, le plus important au monde à l'époque coloniale, est un véritable gruyère dans lequel on circule à travers un dédale de rues souterraines.
Impressionnant quand les tunnels traversant la ville mesurent pour certains au plus haut 3 mètres... Nous commençons à nous y engager avec le camping-car pour finalement comprendre vite nos limites, du haut de nos 3,20 mètres... Nous suivons finalement le premier bus que nous apercevons (un collègue de notre taille...) pour être sûr de sortir de ce véritable labyrinthe souterrain sans rester coincés sous un tunnel !!!
Ouf, ça y est, nous revoilà à l'air libre … Nous prenons finalement la « Panorámica », une route « aérienne » adaptée à notre gabarit, qui contourne la ville sur ses hauteurs.
C'est ainsi que nous trouvons un emplacement pour bivouaquer, au bord de cette route, avec une splendide vue sur la ville sous l'oeil vigilant de Pípila, surnom de Juan José de los Reyes, héros de l'Indépendance, dont la gigantesque statue domine la ville.
Un bivouac idéal pour visiter pendant 2 jours cette splendide ville, non pas une « ville-musée » mais une ville dynamique à la forte population étudiante et à la vie culturelle intense.
La ville est dotée d'une surprenante université moderne datant des années 50 dont l'architecture néoclassique se fond parfaitement dans le paysage historique de la ville. Elle intègre certains bâtiments d'un ancien collège jésuite.
La Basílica Nuestra Señora de Guanajuato tout jaune au style baroque et le Templo de la Compañía de Jésus à la façade churrigueresque du XVIIIe siècle.
Le Teatro Juarez avec sa superbe façade néo-classique coiffée d'une balustrade sur laquelle s'élèvent les statues des muses.
Les représentations de Cervantès, Don Quijote et Sancho Panza jalonnent les rues car la ville s'est autoproclamée « Capital de Cervantès »...
Habituellement, les conquistadores sont représentés avec des têtes de cochons mais là ce sont les canadiens que cette association de mineurs a représentés sur la fresque avec le message suivant : « ils viennent exploiter et piller l'or et l'argent de Guanajuato, tout d'abord ce furent les espagnols et maintenant les Canadiens... ».
Et un petit tour à la « lavandería »...
Le soir venu, la ville s'anime, les monuments s'illuminent et les Mariachis entrent en scène...
Les Mariachis sont de petits groupes de musiciens, habillés d'un pantalon bien ajusté de couleur claire ou foncée, brodé d'or ou d'argent et d'une veste très courte brodée elle-aussi. Ils marient violons, trompettes, guitares et voix. Leur musique a été reconnue par l'Unesco en 2011 comme « Patrimoine immatériel de l'Humanité ».
Leurs chansons évoquent l'amour de la terre, du pays d'origine, de la religion, de la nature, de la force du pays. Les mexicains en raffolent...nous aussi.
Une soirée dans un restaurant autour d'El Jardín de la Unión est idéale pour les écouter...
Nous quittons la ville par le secteur des mines d'or, d'argent et de cuivre toujours en activité dans les cerros autour de la ville. Elles ont plus de 400 ans d'existence.
Ces mines sont exploitées par une société canadienne, ce qui explique la fresque peinte sur un des escaliers de montée vers Pípila... « Ils viennent exploiter et piller l'or et l'argent de Guanajuato, tout d'abord ce furent les espagnols et maintenant les Canadiens... ».
Nous reprenons notre route dans l'état de Guanajuato puis de Jalisco avec sa capitale, Guadalajara. C'est à partir de là que l'on découvre un Mexique économiquement dynamique, avec de grandes entreprises de logistique, d'autres spécialisées dans les nouvelles technologies, des usines de construction de véhicules...Logique, nous sortons du Mexique « touristique » en nous rapprochant du marché américain...
Nous passons la nuit à Tototlán, « Capital de la ropa », qui fournit une partie du Mexique en vêtement. Le lendemain, nous contournons Guadalajara dans une circulation extrêmement dense et arrivons à Tequila à 1180 mètres sous 35°...Etouffant !
Nous voilà donc à Tequila, village berceau de LA boisson nationale mexicaine ! Ici, tequila se décline au masculin, c'est « el tequila ».
Une première étape par le Museo del Tequila nous permet de découvrir l'histoire de ce breuvage.
Selon la légende, il y a très longtemps, la foudre frappa un cactus duquel gicla un liquide que les indiens trouvèrent particulièrement dopant. La culture d'agave existait déjà 1500 ans avant J.C mais ce n'est que lorsque l'usage de la distillation fut introduit par les espagnols que la tequila vit le jour.
L'agave est une plante autochtone du Mexique dont il existe plus de 200 variétés. Mais seule une peut être employée pour produire la tequila : l'Agave Tequilana Weber variedad azul, connue sous le nom d'agave bleue.
L'agave n'a pas de fruits. Seul le cœur de l'agave est utilisé. Pour produire 1 litre de tequila, on utilise 4 à 7 kg de cœur d'agave.
Nous apprenons que les chauves-souris sont les grands pollinisateurs des agaves pour 2 raisons. Les fleurs d'agaves s'ouvrent et produisent du nectar pendant la nuit, lorsque les chauves-souris sont en activité. De plus, la forme de la langue des chauves-souris leur permet de récupérer le nectar au plus profond de la fleur.
Plus de 500 marques de tequila existent aujourd'hui, mais les 2 mastodontes Cuervo et Sauza (groupe américano-japonais) se partagent plus de 50% du marché.
Le Mexique produit un total de 80 millions de litres de tequila par an, 60% part à l'exportation, 40% sur le marché national.
On distingue 5 types de tequila : blanco (résultat direct de la 2ème distillation), Joven (mélange de blanco et reposado), Reposado (3 à 11 mois), Añejo (1 ans à 35 mois), Extra-añejo (3 à 5 ans).
A Tequila, on trouve une vingtaine de distilleries dont les 2 leaders, Cuervo et Sauza.
Nous partons nous renseigner chez « Casa Sauza » pour une visite. Rendez-vous est pris pour le lendemain à 10 heures. Nous partons avec 4 mexicains « al campo », un champ d'agaves à proximité de la ville pour mieux comprendre cette culture et sa récolte.
L'agave n'est pas un cactus mais appartient à la famille des amaryllidacées.
Les jeunes pieds d'agaves sont obtenus par repousses du pied mère. Un bon planteur arrive à planter 1200 pieds par jour, du lever du jour jusqu'à la mi-journée car ensuite il fait trop chaud. Les plantations s'effectuent uniquement pendant la période des pluies, de mai à septembre. L'agave bleue n'a ensuite besoin d'aucune irrigation pendant la saison sèche.
Gabriel s'essaie à la plantation...
Il faut compter 6 à 8 ans pour obtenir un pied prêt à couper. Les feuilles sont coupées et resteront sur le champ pour enrichir la terre qui doit se reposer une année entre 2 plantations.
On conserve le cœur de la plante, la « piña », qui pèse 50 kg en moyenne, mais peut en atteindre 80.
L'entreprise possède 55 000 hectares de terres pour la production d'agaves bleues.
Nous visitons la distillerie et les chais mais les photos sont interdites...
De leur distillerie, sortent chaque année 23 millions de litres de tequila, près de 30% de la production nationale. On est très loin de la production artisanale de mezcal.
Ici, la réalité de la tequila, c'est un processus d'industrialisation poussé.
400 tonnes d'agaves arrivent chaque jour à la fabrique. Elles sont coupées en morceaux de plus en plus petits jusqu'à être réduites en fibres. Elles sont ensuite mélangées à de l'eau puis cuites pendant 4H30 à 120°. Puis elles sont mises à fermenter pendant 24 heures en cuves de 20000 litres.
Les résidus d'agaves de la fermentation sont utilisés pour produire du compost qui viendra enrichir les champs. Puis une double distillation achève le processus.
La tequila est ensuite mise à vieillir dans des fûts de chêne américain, utilisés au maximum pendant 10 ans.
La tequila est vendue Blanco, Joven, Reposado, Añejo ou Extra-añejo. La Casa Sauza ne fait pas vieillir au-delà de 4 ans sa tequila, sinon elle perd en qualité.
La mention « 100% agave » sur la bouteille garantit que le produit est pur agave sans ajout de sucres extérieurs issus d'autres plantes et qu'il a été conçu dans la région de dénomination d'origine « Tequila », « D.O.T ».
Comment boire une tequila ? Avaler une pincée de sel avant de boire, le sel est généralement mis sur les bordures du verre dans lequel on boit la tequila, boire la tequila puis terminer en suçant un zeste de citron.
Après une dégustation de tequila « reposado » et « anejo » dans le chai, nous terminons par une Margarita... sans alcool bien sûr pour les enfants !
Nous quittons Tequila au milieu des champs d'agaves et passons la nuit à Ahuataclán, un village de prime abord calme, mais nous avons oublié que nous sommes samedi et, en soirée, la ville s'animera.
Le lendemain, nous nous battons de nouveau avec les accès internet tous aussi lents les uns que les autres, pour tenter l'envoi de toutes les évaluations du Cned. Grégoire termine sur le fil ses 11 évaluations dont 2 exceptionnelles, B2I et histoire de l'art. Il n'a eu que 2 semaines pour faire tous ses cours et ses évaluations... Bientôt, il va falloir étudier la nuit avec l'école++ !
Lors des périodes de vacances scolaires de 2 semaines, le Cned ne donne qu'une semaine supplémentaire pour renvoyer les évaluations. Incompréhensible...
Nous poursuivons vers le nord au milieu des plantations de manguiers pour prendre un ferry afin de rejoindre la Baja California, et remonter ensuite vers les Etats-Unis.
Après un arrêt au port de Mazatlán pour connaître les tarifs du ferry, nous poursuivons finalement 400 km plus au nord au port de Topolobampo et franchissons le tropique du Cancer...
Nous sommes dans la région de Sinaloa, grande productrice de tomates, pommes de terre, frijoles et maïs... « una agricultura sin límites »...
Nous franchissons 4 barrières sanitaires en 250 km. Incroyable... on trouve plusieurs barrières sanitaires dans la même région, et toujours pour lutter contre cette fichue mouche du fruit...Nous aurons droit à une inspection phytosanitaire lors des 2 premiers barrages mais nos oranges et pamplemousses sont bien cachés dans la douche !!!
Aux 2 barrages suivants, nous leur indiquons avoir déjà subi 2 inspections dans la journée et ils nous laissent passer... On aurait dû y penser avant...
Nous arrivons à Topolobampo, c'est le trajet en ferry le plus court, 6 heures de navigation au lieu de 16 h depuis Mazatlán, et le plus économique, 50% moins cher.
Et un peu d'exercice avant le départ...
Nous embarquons le soir même à minuit, pour un départ à 2 heures du matin, dans un ferry de la compagnie Baja Ferries. Nous assistons à un incessant va et vient pendant 3 heures pour décharger et charger le ferries où s'entassent des dizaines de camions dont une grande partie d'alimentation pour approvisionner la Baja California Sur.
Nous avons réservé une cabine ce qui permet aux enfants de dormir un peu malgré l'excitation du départ. Notre "presque 5 tonnes" passe à la pesée...Verdict : 4,7 tonnes sans eau ni carburant, ni nous ! On se doutait bien qu'il n'avait pas maigri depuis le début du voyage...