29/01/16 : de La Ventosa à Cholula
Nous poursuivons vers l'ouest et entrons dans la région d'Oaxaca : des paysages sans grand charme, une région venteuse avec de gigantesques parcs éoliens.
A partir de Tehuantepec en montant vers Oaxaca, une route sinueuse traverse de beaux paysages de forêts sèches. Ici, les arbres perdent leurs feuilles en saison sèche.
Après une nuit dans le petit village d'El Camarón, nous poursuivons dans des montagnes arides et désertiques, au milieu des plantations d'agaves utilisées pour la production du mezcal.
Le mezcal est un alcool d'agave (le maguey) obtenu à partir du cœur de la plante.
Nous nous arrêtons dans une fabrique de mezcal à Santiago de Atatlán, « Capital Mundial del Mezcal », pour découvrir les différentes étapes de fabrication de ce breuvage.
Les agaves sont coupées à 8 ou 9 ans d'âge. Les feuilles vertes ne sont pas utilisées, seul le tronc de l'agave est récupéré et mis pendant 3 jours dans un four sous terre.
Puis les parties cuites sont broyées par une meule d'1,5 tonne, actionnée par un cheval.
Les agaves broyées sont ensuite mélangées à de l'eau chaude et mises à fermenter pendant 6 à 7 jours dans de grands fûts en pin.
Ensuite, on obtient le fameux breuvage par une double distillation de type charentaise.
Après distillation, le mezcal est mis à vieillir en fût de chêne pour être vendu à 3 mois ou 5 mois, le mezcal blanc, ou bien à 1 an, l'« anejo », ou 4 ans.
A partir d'une tonne d'agaves sorties du four, on obtient 80 litres de mezcal.
Dans la bouteille du mezcal d'un an, on peut mettre un gusanito, un ver rouge qui vit habituellement dans l'agave, et qui modifie le goût du mezcal.
Amateurs, à vos verres... Avec un titre alcoolique autour de 38°, c'est bon mais faut pas en abuser !!!
Dans cette fabrique, seule une minime partie de la production est mise à vieillir en fût, pour être ensuite vendue aux touristes de passage, essentiellement des nationaux.
L'essentiel de la production part dès la sortie de l'alambic vers de grandes entreprises qui assureront le vieillissement du mezcal pour l'exportation.
S'ensuit un déjeuner dans un comedor en bord de route, avec un classique « pollo asado/arroz/ensalada » arrosé de Corona et de gaseosas...
Nous poursuivons au milieu des plantations d'agaves pour arriver enfin à Hierve el Agua, par une piste.
Nous passons la nuit dans le village avec, comme d'habitude, église, terrain de basket, moulin à tortillas, centre de santé...et terrain de basket où Papi et les enfants enchaînent les parties.
Le lendemain, nous découvrons le splendide site de Hierve el Agua, des cascades pétrifiées de carbonate de calcium et des piscines naturelles alimentées par des sources d'eau carbonée.
L'eau est plutôt fraîche mais les enfants ne peuvent pas résister à une baignade...
Nous quittons ces superbes paysages pour flâner l'après-midi dans le marché très typique (mais pas du tout touristique) et coloré de Tlacolula.
On est actuellement en pleine saison sèche, pas une goutte d'eau, à l'opposé des mois de juin à septembre, très pluvieux. Actuellement, il fait frais la nuit, environ 10°, et chaud le jour, jusqu'à 30°.
Fruits et légumes à profusion, vêtements, vaisselle...et même des sauterelles grillées, les « chapulines » typiques de cette région...
Allez, on y goûte ??? Franchement, ces petites sauterelles grillées et citronnées ne sont pas mauvaises du tout !!! Seules les petites pattes ont tendance à rester coincées entre les dents...
On finira peut-être par nourrir le monde avec ces petites bêtes....
Quand nous étions au Nicaragua, l'Etat menait une réflexion sur l'éventuelle création d'élevages d'iguanes pour subvenir aux besoins de la population en cas de crise alimentaire...
Nous quittons le marché avec des chapulines, chicharrones (couennes de porc grillées...un peu gras mais délicieux!), manioc, tortillas, mangues, ananas..
Après cette étape gastronomique...nous continuons vers le village de Santa Ana del Valle...
Et sa surprenante église grandement fleurie ...un plaisir des yeux et des sens...
Une famille de la communauté s'occupe pendant une année entière de l'entretien et du fleurissement de l'église, puis c'est au tour d'une autre famille l'année suivante.
Aujourd'hui, on démonte la crèche dans l'église, car demain c'est « El día de la Candelaria », la Chandeleur…
A la Chandeleur, on enlève les crèches des églises. C'est le jour de la présentation de l'enfant Jésus, « El bebé », au temple, donc on habille le petit Jésus d'élégants vêtements dans les églises...
Ce village est spécialisé dans le tissage de la laine, de nombreuses maisons abritent un métier traditionnel. Certains tisserands utilisent encore uniquement des pigments naturels : cochenille (rouge), indigo (bleu), roches pulvérisées (brun et ocre)...Nous ne résistons pas à l'achat de tapis aux ravissants motifs zapotèques...
Renseignements pris, nous comprenons enfin ce que signifient ces tirs de fusée, genre coup de canon à faire frémir un « Poilu »...que nous entendons régulièrement dans les villages mexicains où nous bivouaquons.
En France, on entend cela dans les plantations de fruitiers pour effaroucher les oiseaux...
Mais ici, on tire matin (dès 6 heures...) et soir (jusqu'à 23 heures...) lors d'un mariage, d'un décès, d'une fête religieuse, de la fête du village, au début de la messe, au moment de l'eucharistie... autant dire très souvent !!!
Le lendemain, direction le village de Santa Maria del Tulé...
Et son arbre exceptionnel, un ahuehuete...un colosse de 58 mètres de circonférence, 14 mètres de diamètre, 42 mètres de haut et âgé de plus de 2000 ans !!!
Nous déjeunons dans un des nombreux comedores du marché : au menu, quesadillas (tortilla garnie de fromage, viande, flor de calabaza...), tlayudas (pâte à tortilla cuite sur une plaque et garnie de frijoles, aguacate, quesilla et chorizo ou pollo), et viande grillée/arroz/ensalada pour ceux qui aiment moins l'exotisme !!!
Nous continuons par la visite d'Oaxaca, à 1500 mètres d'altitude, ville coloniale pleine de charme, berceau d'une des plus anciennes civilisations préhispaniques, la civilisation zapotèque.
C'est une ville aux imposantes édifices en pierres à l'image de sa cathédrale baroque mais beaucoup trop touristique à notre goût...
Le centre offre une harmonieuse unité architecturale notamment avec la cantera, la pierre verte originaire de cette région.
Après une nuit sur les hauteurs du village de La Cañada, nous visitons au petit matin le site archéologique de Monte Albán, niché à 2000 m au sommet d'une colline dominant toute la vallée d' Oaxaca.
Cette cité, à son apogée entre 350 et 500 ap.J.C était la plus importante du monde zapotèque.
Grand centre politique, économique, culturel et spirituel, elle était aussi un centre d'études astronomiques et scientifiques.
Située au cœur de la Méso-Amérique et des échanges culturels et commerciaux, elle a rapidement bénéficié des influences des Olmèques de Teotihuacán puis des Mayas.
Si les Zapotèques s'approprient le jeu de pelota des Mayas, les Mayas s'approprient leur calendrier et leur système d'écriture.
Les édifices et les pyramides étaient recouverts de stuc rouge. La ville comptait environ 24 000 habitants vers 650.
Ensuite, c'est le déclin de la cité, sans cause précise. La culture zapotèque entre en décadence et la cité est progressivement abandonnée et transformée en centre cérémoniel et en nécropole.
Un site magnifique surtout quand on le découvre désert, au petit matin...
« Los Danzantes » sont loin d'être des danseurs... Ces grandes dalles sculptées représentent des captifs, chefs de cités voisines soumises, destinés aux sacrifices.
Entre Monte Alban et San José Tilapa, , la route sinueuse traverse de beaux paysages arides sous 35°...
Comme toujours au Mexique, les routes, même secondaires, sont en très bon état.
Et nous voilà même à sec...de carburant ! Nous avons effectué 160 km sans rencontrer une seule station-service...
Pour la 3ème fois depuis le début de notre voyage, nous puisons dans notre jerrican !
Enfin un río et de la vie... des habitations, des cultures (manguiers, palmiers, maïs...) mais aussi la dengue, maladie transmise par un moustique. Et surtout, une station Pemex...
Nous arrivons en soirée à San José Tilapa et nous stationnons dans une petite rue du village en évitant soigneusement la place centrale où un vendeur de CD gratifie les alentours d'une musique tambourinante...
Mais rapidement, deux agents de la police municipale nous invitent à stationner devant leur poste et la « presidencia » (mairie), arguant que nous y serons plus en sécurité...
Ils nous expliquent que ce village est des plus tranquilles mais qu'ils n'ont jamais vu de véhicules étrangers ici, aussi ne savent-ils pas comment pourraient réagir certaines personnes …
Le maire vient à notre rencontre pour échanger. Cette région vit essentiellement de la production de citrons, mangues, pastèques, melons et canne à sucre. La saison des pluies se déroule de juin à septembre, le reste de l'année...pas une goutte d'eau !
Enfin, à 23 heures, le vendeur de CD tire le rideau...
Nous poursuivons le lendemain au milieu de grandes plantations de canne à sucre.
De Tehuacán à Puebla, la route principale sans grand charme sillonne des plateaux d'altitude à 2000 mètres...
Quelques images en vrac, représentatives des routes et abords routiers au Mexique...
Enfin à Puebla, « l'ultra-baroque » fondée en 1531, et aujourd'hui 4ème ville du pays.
Pause déjeuner dans un agréable restaurant découvert par Papi, sous les arcades du zócalo...
Menu « buffet » qui nous permet de goûter à divers plats mexicains.
Nous découvrons notamment la saveur des feuilles de nopal cuites (variété de cactus) et la spécialité locale, le « mole poblano », une sauce à base de cacao, amandes, piments et bien d'autres ingrédients, accompagnant un morceau de poulet.
Quelques édifices, et notamment les dômes des églises, sont recouverts de céramiques colorées, les « talaveras », nom donné ici aux azulejos, dont la technique a été importée après la conquête par les espagnols. On utilise traditionnellement 6 couleurs (vert, jaune, orange, noir, bleu pâle et bleu colonial) et la production se limite à la région de Puebla.
Nous passons la nuit dans le village de San Juan de Tonanzintla.
Nous découvrons sa surprenante église où angelots, saints, archanges et motifs floraux tapissent les murs intérieurs... Un délicieux mélange de baroque et d'indigénisme...que vous ne verrez pas car photos interdites...
En effet, les missionnaires espagnols réussirent à imposer la Vierge Marie mais ne purent empêcher les indigènes de donner des traits indiens aux angelots, de les coiffer de plumes ou de sculpter des guirlandes de fruits...
Une dernière halte avant México, à Cholula, important centre de pèlerinage précolombien.
Sa pyramide, la plus grande du Mexique, est enfouie sous une colline... En effet, Cortés n'en ayant pas soupçonné l'existence, fit détruire le temple toltèque situé au sommet de la pyramide pour le remplacer par une église, Nuestra Señora de los Remedios.
Le site offre une large vue sur Cholula et les villages environnants aux mille et une églises colorées.
Nous sommes le 5 février, les valises bouclées, il est temps de rejoindre l'aéroport de México pour le retour vers la France de Mamie et Papi.
Un comble...notre Gps n'indique pas l'aéroport de México. Il faut donc naviguer avec les panneaux signalétiques dans cette ville gigantesque, à 2240 mètres d'altitude.
L'aéroport se situe en pleine ville, ce qui ne doit rien arranger aux problèmes de pollution de México...
Bon vol Mamie et Papi... Merci pour tous ces moments de bonheur partagé.
Promis, la prochaine fois, c'est vous qui viendrez nous chercher à l'aéroport !!!
Rendez-vous à Mérignac en juin...les enfants sont déjà impatients !!!