14/11/2015 : de San Cristobal à Iximche
Nous entrons au Guatemala par la frontière de San Cristobal au sud du pays.
Le calme règne à cette frontière, pas d'intermédiaires en tout genre, ni vendeurs ambulants … ça change des frontières précédentes.
Nous avons une autorisation de séjour de 73 jours et de 90 jours pour le véhicule. Nous réglons une vignette de circulation à coller sur le pare-brise du véhicule 160 quetzales (1 euro = 9 quetzales). Toujours pas de fouille du camping-car …
Un agent de l'organisme de tourisme guatémaltèque présent au service de l'immigration nous fournit cartes touristiques, plaquettes d'information sur tout le pays et nous offre des bracelets au slogan « Guatemala, Corazón del Mundo Maya ».
Il nous apprend que des attentats mortels ont eu lieu en France hier soir.
Un premier almuerzo guatémaltèque : pollo/arroz/aguacate/ensalada/tortilla.
A la sortie du comedor, la dame nous salue d'un traditionnel « Bendición ».
Le Guatemala est un pays de 109 000 km2 (1/5ème de la France), près de 15 millions d'habitants, le plus peuplé d'Amérique centrale. A côté de l'espagnol, cohabitent 24 langues indigènes.
Le Guatemala est le pays d'Amérique latine qui compte le plus de descendants des civilisations pré-colombiennes.
Ici, cohabitent 2 cultures, 2 sociétés … D'une part, les métis (40% de la population) qui vivent essentiellement dans les grandes villes et possèdent l'essentiel des richesses du pays et de l'autre, les indiens (60% de la population) dont 70% vivent en-dessous du seuil de pauvreté. A la frontière, l'agent de l'organisme de tourisme nous avait indiqué que de nombreuses ONG travaillaient au Guatemala pour lutter contre la malnutrition infantile.
Le pays est grand exportateur de café, canne à sucre, cacao et bananes. Comme pour ses voisins, les sécheresses successives des dernières saisons ont fragilisé l'économie et précarisé les populations.
La démographie galopante de ce pays génère également des besoins alimentaires en constante progression et nécessite toujours plus de terres arables.
Le Guatemala n'a pas très bonne réputation en terme de sécurité, nous verrons bien …
Le coût de la vie n'est pas cher. La monnaie est le Quetzal, 1euro = 9 quetzales. Le diesel, toujours vendu en gallons, est à environ 0,60 E/litre. Nous roulerons sans assurance véhicule, il n'est pas possible d'assurer un véhicule français au Guatemala.
Sur les conseils de Fred, rencontré à la frontière précédente, nous prenons la direction de la Laguna Ipala. La route est en mauvais état et de nombreux « tumulos », dos d'âne souvent non signalés, jalonnent les entrées et sorties des villes et villages, un vrai cauchemar pour l'automobiliste ...
A Agua Blanca, alors que nous cherchons la route de la laguna, un jeune guatémaltèque en moto propose de nous guider.
Nous nous arrêtons 1,5 km avant la laguna, la piste devenant impraticable pour le camping-car.
Nous stationnons devant une ferme à 1300 mètres, avec l'aimable accord des propriétaires. Ils nous expliquent que le Guatemala souffre suite aux sécheresses successives et les malversations financières du président actuel (aujourd'hui en prison...) n'ont pas arrangé les choses.
Les guatémaltèques, contre toute attente, viennent d'élire comme président un présentateur TV, Jimmy Morales, novice en politique mais qui a tablé sa campagne sur les slogans « halte à la corruption », « une bonne école pour tous »... C'est un véritable vote de protestation, un soulèvement électoral. Les guatémaltèques attendent beaucoup de ce changement de cap...
Les caisses de l'état étant vides, les habitants doivent se débrouiller eux-mêmes pour entretenir leur piste et les enfants y participent également. Ce sont actuellement les grandes vacances au Guatemala de novembre à janvier. Nous offrons bonbons et sucettes aux enfants qui, tout naturellement… jettent les papiers à terre. C'est vraiment un réflexe pour eux.
Nous effectuons de belles balades à la laguna à 1650 mètres.
C'est une laguna de caldeira, c'est à dire issue d'une irruption volcanique.
Les enfants osent même piquer une tête dans l'eau très fraîche de la laguna, qui émerge tout juste des nuages. L'eau les attire inexorablement, c'est une constante chez eux !!!
Les guatémaltèques, eux, restent emmitouflés dans leurs doudounes …
La laguna est en permanence dans les nuages et balayée par un vent glacial.
Le pourtour de la laguna est une forêt humide avec de nombreuses broméliacées et fleurs en tout genre. De nombreux colibris marrons et verts bourdonnent ...
Nous quittons la laguna, direction l'est du pays.
Premier barrage de police au Guatemala et accueil avec un amical « Bienvenidos aquí, estamos a la ordén, que le vaya bien » !
Une halte au musée paléontologique et archéologique d'Estanzuelo. Très pédagogique, il intéresse toute la famille...
Direction maintenant le site Maya de Quirigua. Le gardien nous autorise à stationner sur le parking du site que nous visitons le lendemain matin à la fraîcheur. Nous sommes quasiment au niveau de la mer et les températures en journée frôlent les 30 degrés.
Quirigua est un site Maya de l'époque classique, fondé entre 450 et 850 après J.C et classé au Patrimoine mondial de l'Unesco.
A son apogée (600-900 ap J.C), la civilisation Maya s'étendait du sud du Mexique au Honduras.
On connaît les aspects essentiels de la culture Maya grâce au Popol Vuh, un poème épique et symbolique écrit en langue Quiché, peu après l'arrivée des espagnols et retraçant la création du monde et les aspects de la vie religieuse des Mayas. Le dieu-créateur était le serpent à plume , Kukulcan : kukul = l'oiseau quetzal (symbole du Guatemala) et can = serpent.
Mais le dieu le plus populaire était Chac, le dieu de la Pluie.
Les Mayas étaient d'incontestables bâtisseurs mais ils ignoraient la clé de voûte.
C'était un peuple belliqueux qui accompagnaient ses rites de sacrifices sanglants.
Ils disposaient d'une écriture hiéroglyphique élaborée que l'on retrouve sur les stèles.
Ils ignoraient le fer et l'usage de la roue et leurs outils étaient de type néolithique. L'agriculture était très développée.
Quirigua était un petit centre de 4 km2 avec une population de 2000 habitants environ.
Ce site vaut franchement le détour pour ses stèles et ses zoomorphes, énormes pièces à vocation commémorative, représentant des animaux fantastiques, des silhouettes mi-divines, mi-animales.
Les stèles sont les plus hautes de l'ère Maya et leurs glyphes ont été en majorité déchiffrés. Les glyphes sur les stèles relatent les événements historiques, rituels et politiques des gouvernants.
Les plazas étaient des lieux publics où les personnes se réunissaient pour réaliser diverses activités comme le commerce ou la présentation d'actes publics.
La Gran Plaza était utilisée par les gouvernants pour construire des monuments où ils exaltaient leurs conquêtes guerrières, leurs rituels... Elle symbolisait l'entrée dans l'infra-monde.
La Gran Plaza de Quirigua est une des plus grandes de l'ère Maya, 11 monuments y furent construits dont la stèle E, la plus haute du monde Maya avec plus de 10 mètres de haut.
Les Mayas basaient beaucoup d'aspect de leur vie quotidienne et religieuse sur leur calendrier de 260 jours (13 mois de 20 jours) et réalisaient à certaines dates des cérémonies rituelles sur ces autels (altares). Les Mayas « modernes » les utilisent encore aujourd'hui.
Les Acrópolis étaient utilisées par les gouverneurs comme résidences ou lieux administratifs.
Les rituels et activités effectués en ces lieux étaient de caractère privée à la différence des plazas qui étaient d'usage public.
A Quirigua, le site du jeu de pelota, Juego de Pelota, est peu visible. La pelota représentait la course quotidienne du soleil dans le ciel, comme la bataille entre le bien et le mal. La pelota était un ballon en caoutchouc.
Tout autour, une forêt humide avec le célèbre « ceiba », arbre national au Guatemala, qui peut atteindre plus de 50 mètres.
Et de nombreux matapalos, qui s'aident d'un arbre pour pousser puis l'étranglent.. Celui-ci étrangle un palmier... Les vieux matapalos ont le tronc creux car, au fil des années, l'arbre qu'il a étranglé en l'enroulant, se décompose et disparaît.
Le site est perdu au milieu des bananeraies du géant américain « Del Monte », bien gardées...
Nous passons la nuit à Río Dulce sur une petite place. Mais nous avons du mal à trouver le sommeil à cause de 2 « maisons de Dieu » qui rivalisent en chants...
Au Guatemala, à côté de l'Eglise catholique et du syncrétisme maya-catholique, se sont développées les églises évangéliques, souvent issues des Etats-Unis et aux moyens financiers impressionnants. On remarque dans les villages indigènes de nombreuses salles de prières récentes ou en construction.
Río Dulce est coupé en deux par un immense pont. Au nord, les habitations et commerces le long de la route vers Flores et Tikal, au sud l'embarcadère pour Livingston et les marinas aux splendides yachts de riches américains ou guatémaltèques de la capitale.
Nous recherchons le lendemain un stationnement pour le camping-car. La propriétaire d'un gardiennage de bateaux accepte de garder le camping-car et nous trouve même une lancha privée (barque rapide) pour rejoindre Livingston. Au tarif d'une lancha « collective », nous partons en lancha « privée ».
Le río Dulce est un fleuve majestueux qui s'étend à travers la forêt tropicale depuis le lac Izabal, le plus vaste du Guatemala.
Un passage par « El castillo San felipe », un fort du XVIIIe construit par les espagnols pour protéger leurs cargaisons d'or qui partaient d'ici vers l'Espagne.
Avant Livingston, le río s'élargit pour former « el golfete » puis se rétrécit dans un superbe canyon avant de rejoindre l'océan Atlantique.
Aucune route pour Livingston, on ne peut s'y rendre qu'en lancha.
Livingston est habitée par une majorité de Noirs, les Garifunas, descendants d'esclaves introduits par les espagnols et les anglais dans les Caraïbes.
Un petit air de bout du monde, le temps semble s'être arrêté … mais malheureusement très sale.
Déjeuner d'un typique « tapado », soupe de coco avec crabes, escargots, poisson, bananes et épices.
Délicieux... Accompagné de limonada, gaseosa ...
Puis un paisible retour en lancha à Río Dulce.
Nous partons maintenant à l'ouest, en direction du volca Pacaya.
Le long des routes, de nombreux panneaux de la dernière campagne électorale présidentielle.
Et de nombreuses fabriques d'évier en béton coloré. C'est un marché porteur car le pays est encore en phase de développement de son réseau d'eau potable.
Progressivement, l'eau arrive à chaque maison mais dans de nombreux endroits, les habitants doivent encore s'approvisionner à un point d'eau collectif.
Les nuages permanents pendant 2 jours ne nous permettent pas de monter vers le volcan Pacaya mais le site est idéal pour fêter les 7 ans de notre bébé !!! Avec un bon repas : apéritif « merinda » évidemment / confit-frites / gâteau à la fraise.
¡ Feliz cumpleaños, pequeñito hermanito ¡ comme dit Grégoire …
Nous voilà maintenant à Antigua à 1500 mètres, inscrite au Patrimoine de l'Unesco.
Nous stationnons sur le parking de la police touristique, un ancien camping municipal.
Un véritable coup de cœur de toute la famille pour cette superbe ville coloniale.
Les espagnols fondent Antigua, qui s'appelait à l'époque Santiago de los Caballeros, en 1543. Elle sera le siège de la Capitainerie qui administre un immense territoire du Chiapas au Panama. Les nombreux ruines d'églises et de couvents témoignent de son prestigieux passé.
Malheureusement, deux tremblements de terre au XVIIIe détruisirent la ville et les espagnols décidèrent de transférer le siège du gouvernement dans une nouvelle ville, Ciudad de Guatemala.
Santiago devient alors « La Antigua », c'est-à-dire « l'ancienne (capitale) ».
Bien que touristique, Antigua conserve un charme naturel, une luminosité extraordinaire et un environnement superbe avec les volcans Pacaya, Fuego et Acatenango.
Aurait-on des ancêtres guatémaltèques ???
Même le Mac Donald installé dans une belle maison coloniale revêt beaucoup de charme avec son splendide patio et le volcan Pacaya en toile de fond.
Un déjeuner dans un classique comedor...
Nous nous promenons régulièrement en soirée pour observer le volcan Fuego en activité depuis quelques jours.
La Casa Santo Domingo, un hôtel de luxe installé sur les ruines d'un ancien couvent de Dominicains du XVIIe aux splendides jardins et patios colorés.
Le site abrite des musées, des chapelles, des cryptes, des expositions de peintures, des ateliers de fabrication de poteries et bougies...
Une visite incontournable...
Le musée d'art précolombien est un subtil mélange entre des objets d'art précolombien et des pièces de verre des plus grands noms (Daum, Lalique, Baccarat, Cristal de Sèvres...).
Une nuit, un léger tremblement de terre nous réveille, ce qui est courant dans cette région.
Après 5 jours à Antigua, nous partons à Ciudad de Guatemala dîner chez Itzel et Fred, rencontré à la frontière entre le Honduras et le Salvador. Une belle soirée guatemalteco-mexicaine … où nous découvrons l'excellent rhum guatémaltèque et la fameuse tequila mexicaine...
Louis a la joie de souffler une deuxième fois les bougies...
Nous restons 2 jours à Ciudad de Guatemala en compagnie de Fred.
La « Tour Eiffel » guatémaltèque... et la carte en relief, une carte de 2000 m2 du début XXe.
Au loin, nous apercevons toujours le volcan Fuego en activité.
Nous déjeunons dans le mythique restaurant « El pollo campero »...
Vu l'activité actuelle du volcan Fuego, nous décidons de partir en soirée vers Antigua, en compagnie de Fred, photographier au plus près le volcan en activité.
Nous passons une partie de la nuit devant ce fascinant spectacle... Nous dormons finalement surplace pour continuer les photos le lendemain matin.
Des centaines de photos prises... Des couleurs changeantes au fil des heures... Des moments magiques...
Après une courte nuit, petit déjeuner avec le volcan Fuego en toile de fond bien sûr...
Après 36 heures de forte activité, Fuego commence à se calmer...
Nous quittons Fred qui repart à la « capital » puis prenons le chemin du site archéologique d'Iximche.
En chemin, nous passons de nouveau une nuit sur le parking de la police touristique d'Antigua.
Les enfants découvrent que le site accueille également un refuge pour chiens... Trop craquants ! Mais Manu ne craque toujours pas...
Nous arrivons vers 15 heures sur le site d'Iximche, une cité maya de l'ère post classique, construite en 1470.
Nous effectuons une première visite du site et bénéficions d'explications détaillées de notre jeune guide, étudiant en linguistique.
Les gouverneurs mayas étaient polygames et avaient de 13 à 20 femmes... Le premier fils de la première femme gouvernait pendant 20 ans puis ensuite c'était au tour du premier fils de sa seconde femme et etc...
Cette cité ne dura qu'une soixantaine d'années car les espagnols la brûlèrent en 1529...3 gouverneurs se succédèrent donc ce qui correspond aux 3 niveaux du temple. 300 personnes environ vivaient dans la cité. Les pauvres vivaient en dehors de la cité, cultivaient les champs et apportaient un tribut au gouverneur.
On montait les escaliers des édifices en diagonale pour ne jamais tourner le dos au soleil, ce qui explique la forme de l'escalier.
Au total, on trouve 5 places (2 pour le gouverneur et ses proches, 1 pour les intellectuels,1 pour le commandement de l'armée et 1 pour les prêtres) avec chacune son temple du soleil, son temple de la lune et de nombreux autels pour les offrandes et les sacrifices. Ces autels étaient à 3 niveaux pour symboliser l'infra-monde, la terre et le ciel.
Selon les mayas, le créateur de l'univers était le serpent à plumes.
Sur chaque place, on trouve la croix maya avec les 5 points cardinaux : est (soleil), ouest (lune), nord, sud et le ciel. Les 4 points cardinaux classiques sont représentés par les 4 couleurs du maïs, rouge, jaune, blanc et noir.
Plusieurs « juegos de pelota » où on se lançait une balle en caoutchouc de 3,5 kg qu'on devait renvoyer uniquement avec la hanche ou le genou sur un mur. Les joueurs étaient souvent des prisonniers de guerre. Si le jeu avait lieu pour une fête religieuse par exemple, l'équipe gagnante était donnée en offrande, en sacrifiée pour les dieux.
Si le jeu se déroulait suite à une humiliation comme une guerre perdue par exemple, l'équipe perdante était alors sacrifiée.
Les maisons des places ont disparu car elles étaient construites en briques d'adobe avec un toit en bois et feuilles de palmier. A Iximché, on écrivait sur des livres en écorce de bois alors que dans l'époque antérieure, l'ère classique, on écrivait sur des stèles, comme nous avions vu à Quirigua.
Le calendrier maya compte 13 mois de 20 jours.
Les chiffres 13 et 20 étaient très importants pour les mayas. Ils comptaient par vingtaine et non par dizaine.
La première ère maya a duré 5200 ans, c'est pour cela qu'on a attribué la fin du monde au 23/12/2012... mais c'était uniquement le début d'une ère nouvelle...
Nous sommes autorisés à stationner la nuit sur le site et, sur les conseils de Fred, nous revisitons le site à la première heure du matin pour espérer apercevoir une cérémonie maya...
Effectivement, une cérémonie est en cours quand nous arrivons, et une seconde se prépare. Nous restons 2 heures à observer ces rituels qui semblent d'un autre temps...
Lors de la première cérémonie, des bougies aux 4 couleurs du maïs sont brûlées sur l'autel, les offrandes sont constituées de coca-cola, bière, alcool de canne...
On les entend parler en langue Kaqchikel, agrémentée de « Santa María », « Christo » ; certains mélangent les rites mayas et la religion catholique, d'autres non.
L'autel de la deuxième cérémonie est préparé avec beaucoup de minutie. Sur l'autel est dessiné en blanc le signe qui correspond à la date du jour (aujourd'hui, c'est « tijax »). On y ajoute des bougies, pétales de roses, bois, pains...L'autel est situé devant le temple du soleil que l'on décore de bougies rouges devant lesquelles on place des fruits, herbes... Les mayas doivent rendre hommage à leur dieu tous les 20 jours mais ça peut se faire de façon plus simple à la maison.
Après ces heures un peu hors du temps, nous reprenons le cours normal des choses... école++ l'après-midi puis en route pour le lac Atitlán.